Une fois, on sollicita mon aide. Il s’agissait d’un film sur Colette et on attendait de moi que je l’incitasse au dialogue. Or, à peine avait-on prononcé le solennel : “Ça tourne” que, pareille aux animaux qui se figent dès qu’on désirerait qu’ils s’animassent, Colette se statufiait, rentrait en elle-même et, pour obtenir d’elle un mot, il me fallait la haler de toutes mes forces au bout d’une corde.
Cocteau
J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre, Me prenant à penser ; et n'ai pu me résoudre À poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois, Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois, Sans ses deux louveteaux, la belle et sombre veuve Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve ; Mais son devoir était de les sauver, afin De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim, À ne jamais entrer dans le pacte des villes Que l'homme a fait avec les animaux serviles Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher, Les premiers possesseurs du bois et du rocher.
1843 - Alfred de Vigny
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